Entretien
Sport

"Aller titiller les meilleures"

Thierry Uvenard revient à la tête des féminines du HAC Foot

Neuf ans après être parti du HAC, et une expérience de sept ans à Toulouse (2008 - 2015) comme adjoint d'Alain Casanova, puis une plus courte de quelques mois à Lens en 2016, Thierry Uvenard (53 ans) est revenu cette saison dans son club de cœur à la tête des féminines en Régional 1, qui a débuté le 10 septembre. L'emblématique arrière gauche du club doyen (1987 – 1998), qui a passé toute son enfance dans le quartier de Soquence, a pour ambition d'accéder en Division 1 dans deux ans, soit l'année de la Coupe du Monde qui se déroulera en partie au Havre.

  • lehavre.fr : Votre nomination a été officialisée début mai. Quand et comment avez-vous été contacté ?
    Thierry Uvenard : C'est Vincent Volpe (président du Havre AC) qui est à l'origine. Il avait été surpris de voir le stade Océane plein pour le match de l'équipe de France féminine contre le Brésil (en septembre 2015). Lorsque l'université de Lehigh (Pennsylvanie) est venue au Havre pour jouer contre nos U 19 et les féminines, il s'est aperçu qu'au moment du match des féminines il y avait plus de monde dans les tribunes. Le match était un mercredi (le 15 mars) et, le vendredi, les dirigeants ont eu une réunion. Ils sont partis sur le projet de développer la section féminine. Arnaud Tanguy (directeur général) et Alain Belsoeur (conseiller du président) ont proposé mon nom. Le jour du match contre Reims (le 31 mars), j'étais à l'hôtel des Rémois pour rendre visite à mon ancien joueur Antoine Devaux. J'ai regardé mon téléphone et j'avais trois appels en absence. J'ai rappelé et on m'a donné le président Vincent Volpe qui m'a exposé le projet rapidement. Je lui ai répondu que ça m'intéressait. On s'est vu avant le match et je lui ai dit oui après trente minutes d'entretien.
  • lehavre.fr : Vous n'avez pas pris le temps de réfléchir ?
    T.U. : La manière dont le président m'a présenté le projet, quelque part, j'étais obligé de le suivre. Il a eu des mots qui m'ont marqué : monter en Division 1 dans les deux ans et aller titiller les meilleures. Je ne pouvais pas dire non. Même si ce sont les féminines. La première étape est d'abord d'accéder rapidement en Division 2, en terminant premier de Régional 1 et en remportant les barrages.
  • lehavre.fr : Quels sont vos moyens pour y parvenir ?
    TU. : En Ligue, tu peux prendre autant de joueuses hors communauté européenne (CE) que tu le souhaites. Il y aura en principe neuf Américaines, qui ont fini leur cursus universitaire. Elles viennent ici pour jouer au football, mais également travailler tout en ayant des créneaux pour apprendre le français. On est allé avec le président et Arnaud Tanguy trois jours à Philadelphie pour les rencontrer. Je les ai vues en vidéo, ce sont de bonnes joueuses et des athlètes. Et j'ai effectué un recrutement régional dans l'optique d'une montée en D 2 où on ne peut faire jouer que trois filles hors CE. J'ai rencontré toutes les joueuses havraises. Je n'ai fermé la porte à personne, j'ai juste imposé certaines règles. Les entraînements auront lieu la journée mais les créneaux du soir seront maintenus. Elles vont passer de deux à quatre voire cinq entraînements par semaine à la Cavée verte. On a créé une équipe réserve en R 2 pour que tout le monde puisse jouer.
  • lehavre.fr : 2019 est l'année de la Coupe du Monde féminine en France. La candidature du Havre a été retenue. Est-ce pour cette raison qu'on vous a fixé deux ans pour monter en D1 ?
    T.U. : Le fait que des matches de la Coupe du Monde aient lieu au Havre ont dû influer sur le temps imparti. La Coupe du Monde au Havre, c'est magnifique. Tu ne cherches pas à savoir si c'est masculine ou féminine. Le Havre va recevoir des équipes du monde entier, c'est juste énorme. J'espère qu'il y aura des Havraises dans des équipes nationales.
  • lehavre.fr : Vous aurez tout connu au HAC : joueur, entraîneur des équipes jeunes, adjoint, entraîneur de l'équipe première et maintenant des féminines...
    T.U. : Et vous avez oublié conseiller du président Jean-Pierre Louvel pendant un an (2007-2008). J'y tiens car j'ai bien travaillé durant cette année. Je suis arrivé à 14 ans au HAC. Avant, je jouais aux Cheminots. Léonce Lavagne, l'entraîneur, organisait des stages en fin de saison avec les jeunes joueurs de la région à la Cavée verte et j'ai été pris. C'était en 1978. Jusqu'à 23 ans, j'étais amateur et je travaillais à la Ville du Havre.
  • lehavre.fr : Et vous avez failli partir à Fécamp...
    T.U. : Tous les ans, j'espérais mais rien ne venait. Je décide donc de signer à Fécamp qui joue en Division 3. Par politesse, je vais à la Cavée pour avertir le président Jean-Pierre Hureau. Et là il me dit : « Il n'en est pas question. Tu restes ici. Je vois Didier (Notheaux) et reviens ici dans une heure ». Je reviens et Jean-Pierre Hureau m'informe que j'intègre le groupe professionnel en qualité de stagiaire pro. Je suis attaquant de formation mais, en novembre 1987, Didier Notheaux n'a plus de défenseur latéral. Il me demande de jouer arrière droit. On va à Niort, je marque deux buts et on l'emporte 2-1. C'est Pierre Mankowski qui m'a fait jouer latéral gauche. C'était un peu difficile au début. Mais aujourd'hui, je me sens plus gaucher que droitier avec les pieds (sourires).
  • lehavre.fr : Comme entraîneur, vous avez sauvé le HAC d'une relégation en National...
    T.U. : J'ai en effet repris l'équipe, qui était relégable, à sept matches de la fin en avril 2005. Ma période d'entraîneur au Havre a été une réussite, d'un côté, avec ce sauvetage (17e). Mais, d'un autre côté, c'est un échec pour moi malgré une 7e (2005-2006) puis une 6e place (2006-2007). C'est un échec car on ne me garde pas (en mai 2007). Mon bon travail a servi l'année suivante pour la montée (2007-2008).  On aurait pu me proposer une troisième année...

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